photo Patrick Viveret crPatrick Viveret
Philosophe, écrivain
Paris, France

 

Patrick Viveret a écrit l'avant-propos du livre "Osons la Paix économique - De la pleine conscience au souci du bien commun". Nous en reproduisons ici un extrait.

Ce livre se fonde sur l’idée que ce qui compte le plus en économie n’est pas une question d’économie, mais une question simplement humaine : à quoi pourraient bien servir l’économie et le monde des affaires si ce n’est à réunir inlassablement les femmes et les hommes pour qu’ils redécouvrent ensemble et journalièrement ce qui a fait notre succès : agir ensemble pour un but commun au profit du plus grand nombre.

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Rien dans cet ouvrage n’a l’intention de fermer des portes, au contraire, chaque parcelle de sensation, d’émotion ou d’impression y est présentée comme libre d’expression et légitime par nature. Ceci, pour une raison majeure que l’auteur énonce : si je ne sais pas observer la vie, je ne peux reconnaître réellement ce qui est présent et si je ne peux accéder à cette réalité, je ne peux atteindre la liberté. La vie est ici présentée comme un éventail que l’on déploie pour en goûter toutes les subtilités, des plus amères aux plus douces. La paix qui y est proposée n’est pas construite simplement en opposition à la guerre et elle ne rejette pas la confrontation quand celle-ci sert à coopérer. Elle est une intention journalière, une éducation et un entraînement pour faire valoir ce qu’il y a de plus beau en nous.

En effet, la paix économique propose une certaine esthétique des affaires qui ne peut se satisfaire d’un tableau uniquement marchand. S’il existe de nombreux moyens de développer des relations sincères entre les personnes et les nations, l’économie en est incontestablement un. Le commerce a acquis ses lettres de noblesse dans l’accès et la création du lien qu’il permettait avec autrui. Réfléchir la paix économique, c’est redonner une chance au monde des affaires de créer de la solidarité entre les personnes et entre les peuples, c’est affirmer que tout n’est pas marchand, que notre élévation ne se satisfait pas d’un individualisme déconnecté du monde et que les inégalités et la pauvreté peuvent avoir une fin.

La paix économique ne rend ni nécessaire ni utile la transformation de fond en comble du monde de l’entreprise. Il s’agit plus de maintenir un cap différent : contribuer à la vie de la cité et au bien commun. À mesure des exemples qui sont fournis, les applications du concept nous montrent que de nouveaux modèles économiques, organisationnels et managériaux peuvent être mis en œuvre dans tous les secteurs d’activité. En renforçant et en soutenant cette démarche, il est possible de révéler les talents de chacun au profit d’un élan de vie retrouvé et vers plus d’équité et de partage. Sans sacrifier au bonheur, mais au contraire en lui donnant un terreau bien plus fertile, l’altruisme économique que soutient cette approche engendre l’épanouissement de l’ensemble des partenaires d’une entreprise et lui permet ainsi de jouer pleinement son rôle social.

 

Le parcours de Patrick Viveret

Philosophe, écrivain, magistrat honoraire à la Cour des comptes, Patrick Viveret a conduit une mission  à la demande de Michel Rocard sur l'évaluation des politiques publiques et rédigé un rapport, sous le Gouvernement de Lionel Jospin, sur les indicateurs de richesse. Cofondateur des rencontres internationales « Dialogues en Humanité »,  il a fondé avec Edgar Morin et Stéphane Hessel en 2012, le collectif Roosevelt". Il est aussi fondateur de l'observatoire de la décision publique.