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Le télétravail et la motivation des salariés en période de confinement

Le télétravail et la motivation des salariés en période de confinement

Une étude inédite a été conduite par Mathieu Pinelli, Caroline Cuny et Lionel Strub, enseignants-chercheurs à Grenoble École de Management, et Marion Trousselard, issue de l’Institut de Recherche Biomédicale des Armées. Les résultats de l’enquête se fondent sur un échantillon de convenance de 383 salariés français, en situation de télétravail durant le confinement du 7 avril au 10 mai 2020.

 

Entretien avec Caroline Cuny, docteur en psychologie cognitive.

Quelles ont été les motivations qui vous ont conduits à réaliser cette étude ?

Le télétravail est habituellement associé à une flexibilité dans le travail, et un gain en termes de responsabilité et d’autonomie, ce qui génère de la satisfaction. Durant la période de confinement, nous n’étions pas du tout dans cette configuration : le télétravail, tout comme la situation de confinement ont été imposés. Le climat était alors anxiogène et très contraint. L’objectif de l’étude a donc consisté à étudier l’impact de cette double contrainte sur la motivation, l’engagement et la satisfaction des collaborateurs au travail.

Vue de Grenoble depuis le fort de la Bastille. Sophie Keen/Unsplash, CC BY-SA

Comment concevoir collectivement le bien-être soutenable ?

Comment prendre en compte le bien-être ? La soutenabilité ? Comment rendre visible ce qui compte ? Comment travailler collectivement à la définition de ce qui fait commun et considérer la valeur de ce qui ne peut être monétarisé ?

Fiona Ottaviani, Grenoble École de Management (GEM) et Anne Le Roy, Université Grenoble Alpes (UGA)

C’est à l’ensemble de ces questions que répond l’expérimentation IBEST « indicateurs de bien-être soutenable » sur le territoire de la métropole grenobloise.

Cette démarche collective, impliquant spécialistes des politiques publiques, scientifiques, activistes et habitants sur un temps long (depuis 2002) vise à enrichir et transformer les cadres d’observation et d’évaluation des politiques publiques, mais aussi la manière de construire les indicateurs. Nourrie d’une enquête et de débats, la démarche a abouti à la définition collective de huit dimensions du bien-être soutenable. Le bien-être soutenable correspond ici à la possibilité que les personnes ont de « se réaliser », c’est-à-dire de trouver des réponses à leurs besoins en adéquation avec le bien commun et leurs aspirations.

Le président français Emmanuel Macron, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le secrétaire général Conseil de l’UE Jeppe Tranholm Mikkelsen, lors du sommet européen du 21 juillet 2020. Stephanie Lecocq / POOL / AFP

La Covid-19, un premier pas vers la paix économique ?

La crise sanitaire et économique liée à la Covid peut être vue comme un risque d’effondrement mondial, mais elle peut aussi être pensée comme le révélateur de notre interdépendance et le déclencheur d’une nouvelle façon de construire la vie en société et les relations entre les nations.

 

Dominique Steiler, Titualire de la chaire Mindfulness, Bien-être au travail et paix économique, Grenoble École de Management (GEM)

 

C’est notamment ce que laisse penser l’acceptation par les pays de l’Union européenne d’une dette commune pour soutenir les plus fragiles. Il nous semble cependant que des progrès sont encore à faire en la matière, car les discours de soutien naissent encore trop souvent de la conscience des risques économiques encourus par les pays les plus forts s’ils ne soutiennent pas les plus faibles et pas nécessairement d’une intention humaniste.

Cette prise de conscience des interdépendances fait écho aux travaux de l’économiste Georges de Ménil qui, dans son ouvrage sur l’interdépendance des politiques économiques des nations, évoquait en 1983 le fait qu’aucune nation, même parmi les plus puissantes, n’était en mesure de résoudre avec efficacité ses difficultés si elle agissait seule.

Coopérer dans la crise, une condition de survie pour les filières automobile et aéronautique

Coopérer dans la crise, une condition de survie pour les filières automobile et aéronautique

Particulièrement dépendants de leurs fournisseurs et sous-traitants, les grands groupes ont tout intérêt à soutenir la santé économique de leur écosystème.

Hugues Poissonnier, Grenoble École de Management (GEM)

Plus présente et concrète chaque jour, la crise économique majeure que nous vivons, inédite par ses origines et son ampleur, nécessite d’imaginer et d’inventer des réponses et solutions nouvelles.

Les ambitieux dispositifs d’accompagnement déployés au niveau macroéconomique, par les États ou l’Union européenne notamment, témoignent d’une réelle volonté de soutenir l’activité, les entreprises et l’emploi, ainsi que d’un apprentissage certain des erreurs réalisées lors des crises précédentes.

Mais, les aides apportées à ce niveau, bien que nécessaires, ne sauraient être suffisantes. Les entreprises et organisations elles-mêmes se doivent, à un niveau plus microéconomique, de mettre en œuvre les conditions de leur résilience, très largement dépendante de celle de l’écosystème économique auquel elles appartiennent.

Cela apparaît comme une nécessité dans les industries se caractérisant par un éclatement conséquent des chaînes de valeur et dans lesquelles les achats représentent une part significative du chiffre d’affaires des différents acteurs (jusqu’à 80 % pour les principaux acteurs des filières automobile et aéronautique).

Fiona Ottaviani, Copyright Bruno Fournier

Penser la paix dans le champ de l’économie

En quoi la paix économique bouscule-t-elle les principes d’une économie néo-libérale ultra-compétitive ? Par extension, notamment dans le contexte du post-Covid-19, comment engager une réflexion sur des relations économiques apaisées ?

Entretien avec Fiona Ottaviani, économiste et membre de la chaire Paix économique, Mindfulness et Bien-être au travail de Grenoble Ecole de Management qui présente sa recherche récente.

 

L’organisation actuelle des systèmes économiques, fondée sur l’hyper-compétition, est destructrice pour l’homme et pour l’environnement. D’où la notion de « guerre économique ». La question de « l’harmonie sociale » constitue pourtant, en théorie, l’une des résultantes des systèmes néo-libéraux. Pouvez-vous la définir ?

L’harmonie sociale, telle qu’elle est vue par les néo-libéraux, est synonyme « d’équilibre concurrentiel ». Cette conception de la régulation par le marché évince toute réflexion sur les rapports de violence produits par le système capitaliste. L’idée sous-jacente est que la régulation du monde social devrait être assurée essentiellement par le marché, qui serait le lieu de rencontre des intérêts égoïstes des acteurs économiques. Le trait commun des systèmes ultra-libéraux repose sur le postulat suivant : le marché – la rencontre entre l’offre et la demande – est le meilleur instrument de régulation, garant de l’harmonie sociale. L’harmonie sociale est une mystique qui occulte toute réflexion sur les rapports de pouvoir au sein de l’économie.

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