Ls trophées de la Paix économique 2019

« Une fois la crise passée, il nous faudra refonder notre société sur de nouvelles bases ! »

Imprimer

Demain ne doit plus être pareil – il nous faut faire valoir la vie dans le monde du travail et de l’économie ! Une réflexion sous forme de tribune par Dominique Steiler

 

« La Der des Der », « Jamais, plus jamais », à chaque grande crise on se surprend en plein élan de transformation, on se gonfle de nos engagements pour un avenir meilleur… et quelque temps après seulement… tout redevient identique, nos vieilles habitudes reprennent le dessus.

Je me souviens de la crise de 2008 et de tous les fantasmes qu’elle a générée sur ce que serait la vie d’après…

Le jour d’après le Covid-19, le jour d’après la crise économique qu’il est déjà entrain de provoquer, nous devrons être capable de maintenir cet élan de transformation, radical sur certains points, si vraiment nous voulons une autre vie, si vraiment nous voulons échapper à une catastrophe plus grande encore, une véritable guerre celle-là !

À tous ceux qui imagine qu’il suffit de courber le dos, de rester tranquillement dans cette parenthèse et que la tempête passera, j’aimerais rappeler que les autruches aussi y croient 😊.

Après cette crise, il va nous falloir, comme le dit Cynthia Fleury dans une interview récente, nous opposer à ceux qui diront qu’il faut reprendre comme avant. Et bien plus que les personnes, c’est aux représentations du monde, parfois/souvent en nous, qu’il nous faudra nous opposer. Il nous faut faire refondation de notre société, repenser notre modèle social, économique, éducatif, politique ; Nous ne nous passerons pas d’un engagement citoyen majeur. La vie, en cela qu’elle est circulation, doit reprendre sa place à tous les étages du système, elle doit s’écouler… car trop de nos systèmes sont sclérosés.

 

Demain ne doit plus être pareil – il nous faut faire valoir la vie !

Bien entendu, en ce qui nous concerne, c’est au monde du travail et de l’économie que nous nous sommes attelés et c’est là que nous poursuivrons notre mission, car il est au cœur des difficultés à surmonter.

Dans le cadre de la Paix économique trois grands principes guident les réflexions et les travaux :

Sommes-nous capables de travailler ensemble à construire cette économie-là ?

Il n’est plus envisageable de faire perdurer un système qui, sous couvert de croissance, provoque des dégâts irrémédiables de la personne, au lien social ou à la nature.

Il nous faut nous remonter les manches pour que la vie professionnelle dans ses aspects les plus concrets contribue à l’épanouissement et à la vie.

L’économie est au cœur de tout et c’est parce qu’elle a des effets directs et trop souvent délétères sur les variables ci-dessous que nous l’avons choisi comme moyen prioritaire pour agir sur :

Notre culture et notre société a bien du mal à considérer cette multidisciplinarité, cette appréhension nécessaire du complexe. La vie évolue de l’intime, au social, du personnel au collectif, du privé au public et aucun de ces éléments de sera jamais dans une autre condition qu’en interrelation avec les autres. Alors que la crise est présente, il semblerait que seuls les sujets « sérieux » ont droit de cité : la guerre, la crise, la mort… quand tous les autres sont bien en jeu : la joie, la paix, l’amour, la vie !

Alors pour apporter notre contribution à cette question complexe, nous avons choisi d’agir dans les organisations avec le concept de paix économique.

Parce que le terme de définition est très académique, qu’il conclut souvent un travail plus qu’il ne l’introduit et qu’il enferme des possibles non encore explorés et incertains, nous aimons inscrire notre travail dans le cadre d’un « art de la paix » tel que proposé par Pierre Calame qui vient s’opposer à « l’art de la guerre », si souvent utilisé en exemple. Cet art de la paix n’est ni une futilité ou un angélisme, mais bien une poésie de l’action, un humanisme du XXIe siècle dont l’objet est d’ouvrir des futurs possibles nous permettant de repenser le vivre ensemble à travers la diversité et l’acceptation de la vie dans sa totalité.

Par ailleurs, il nous permet de quitter un regard sur la vie bien trop ancré dans une vision purement masculiniste et dominatrice des autres et du monde. Il nous faut repenser la vie économique en quittant l’hypercompétition au profit de la collaboration, en rejetant les modèles de domination des marchés par des réflexions sur le partage et l’évolution commune.

Ainsi, « la paix économique serait une orientation pour laquelle une entreprise, un manager, un collaborateur, en préservant les grandes valeurs humaines et avec harmonie, créent de la richesse au profit du bien commun et de l’épanouissement de l’ensemble des parties prenantes, dont ils font partie, dans le cadre plus vaste de leur responsabilité sociale et humaine. »

Cette approche positive, agréable, que l’on a envie de pousser, contient cependant à la fois le défaut de prêter immédiatement le flanc à la critique, tant chaque mot utilisé peut être interprété de plusieurs manières, et celui de pouvoir aisément masquer les problèmes derrière une façade idéale, comme c’est le cas parfois avec les stratégies actuelles de bien-être au travail.

Je vous propose donc une autre définition de la paix économique, non pas négative, mais « par la négative », qui, si elle est plus acide, permet néanmoins d’éviter que l’idée que l’on s’en fait, quand on la définit positivement, ne soit immédiatement mise en cause dans son inadéquation à délimiter un système complexe :

« La paix économique est une orientation pour laquelle une entreprise crée de la valeur sans détruire ses concurrents, manipuler ses clients, exploiter ses fournisseurs ou la nature, exercer une quelconque violence vis-à-vis de ses collaborateurs et ignorer ses responsabilités sociétales et écologiques, autrement dit, sans nuire à ses parties prenantes. »

Il est là notre engagement envers la paix économique, et si cela vous intéresse…

Rejoignez-nous !

 

Dominique Steiler, titulaire de la chaire

 

Tags: