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Paix économique : combattre les idées reçues

Interview de Dominique Steiler, titulaire de la chaire Paix économique, Mindfulness et Bien-être au travail

 

 Dominique Steiler copyright Bruno MoyenLa démarche de paix économique n’est-elle pas qu’une pure idée, pour un monde idéal qui n’existe pas ?

Tout d’abord, le concept de paix économique ne parle pas d’un modèle qui serait meilleur que le modèle actuel et qu’il faudrait appliquer tel quel pour réussir. Concrètement, c’est un contrepoint au sens musical du terme, à savoir une façon de venir amender la portée musicale et d’adoucir ses effets. Au-delà, il ne s’agit absolument pas d’un but à atteindre, mais bien plus d’un engagement, d’une éthique au quotidien, pour que chacun d’entre nous transforme ses actes les plus bénins, ce qui permettra de reconstruire du lien social, de retrouver du bien-être et, par voie de conséquence viendra influer sur la performance. La dimension utopique est souvent évoquée sur ce sujet. Elle montre d'une part combien, de manière générale, les personnes sont convaincues que la guerre est notre condition première, alors que la paix serait un état de pause dans le trouble continu. Les travaux des chercheurs de nombreux champs académiques montrent qu’au contraire nous sommes coopératifs et bienveillants par nature et agressifs par potentiel ; les deux sont nécessaires, mais ne sont pas présents dans l’ordre dans lequel nous avons pris l’habitude de les voir. Enfin, il me semble que sans utopie aucune innovation, qu’elle soit technique ou sociale, ne verrait le jour !

 

Cette démarche est-elle vraiment adaptée à la vie actuelle des affaires ?

Elle l’est car les entreprises engagées dans cette démarche lui trouvent des bénéfices durables. La santé, le bien-être, la cohésion, la coopération, l’engagement sont des variables qui progressent systématiquement. Bien plus encore, ces entreprises gagnent une attractivité qu’elles avaient perdue, et nous savons combien il est difficile aujourd’hui d’embaucher de nouveaux collaborateurs motivés.

 

On a parfois l’impression que la paix économique est une solution de facilité, face à la guerre économique ?

Il y a une véritable croyance selon laquelle il est facile d’oeuvrer pour la paix. Chaque manager, chaque personne qui a tenté de mettre en oeuvre des actions centrées sur le bien-être au travail a vécu le scénario suivant : difficulté de convaincre de la pertinence de s’intéresser à l’humain au travail (un comble) – beaucoup d’efforts pour engager les acteurs – encore plus pour faire vivre le projet… Et possibilité de le faire s’effondrer par un claquement de doigts ou une variation boursière. Toutes ces personnes savent que pour oeuvrer pour ces sujets, il faut être solide, puissant, résilient – des guerriers pour la paix. Marc Aurèle avait cette phrase magnifique : “Le matin, quand tu as de la peine à te réveiller, aie cette pensée présente à l’esprit : je m’éveille pour faire oeuvre d’Homme.” Il a toujours été plus difficile de construire que de détruire.

 

On ne voit pas toujours ce que la paix économique apporte à l’entreprise ?

Elle lui redonne sa place pleine et entière dans la cité ; celle de l’oïkonomia – la bonne gestion de la maison. Le but de l’entreprise est de contribuer à la bonne marche de la cité en apportant les biens, les services et les richesses qui lui permettront de s’épanouir. C'est le bien du collectif qui reprend la main sur l'égocentrisme; que ce collectif soit une entreprise, un territoire ou une ville.

 

La paix économique fait-elle gagner de la performance à l’entreprise ?

Si l’intention est de trouver une méthode pour améliorer la performance comme une fin en soi, la paix économique n’est pas la bonne idée. Son objet initial est de redonner à l’entreprise son but premier, à savoir s’inscrire dans un ancrage territorial, pour contribuer au renforcement du tissu social et au bien commun. Pour aboutir à cela, cette entreprise a besoin de fixer des objectifs de santé, de bien-être, de resocialisation, d’engagement et de fierté à faire oeuvre commune pour aboutir aux biens et aux services visés ET des objectifs de pérennité financière et de profitabilité. Une fois que cela est posé, la performance s’améliore, “en conséquence” d’un travail bien fait. Alors oui ! S’engager dans la paix économique pour les entreprises qui nous soutiennent a conduit, de manière différente pour les uns et pour les autres, à des améliorations de performance ; soit dans la qualité des produits/ services, soit dans la qualité de vie au travail, mais aussi dans la croissance de l’entreprise en taille et en résultats financiers.

Propos recueillis par Fabienne Combier, dans le cadre du supplément Présences consacré à la Paix économique.

 

Pour aller plus loin : 

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Plongez-vous dans le supplément Présences consacré à la Paix Économique.

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